La maladie blanche – Revue de Presse

« Une note de fraîcheur et d’espoir en l’humanité dans ces temps si obscurs,
un spectacle de haute qualité
. »

 

23 octobre 2021 – Photo Philippe Caro

La Compagnie JOLIE MÔME met en scène formidablement « La Maladie blanche », prémonitoire (pandémie, guerre au nom d’une idéologie aveugle) qui rappelle que l’histoire se répète, avec l’ambition citoyenne et réjouissante de rompre ce cycle.
Ce texte de Karel Čapek de 1937 démontre que le pouvoir est autant dans les mains du dictateur que celles de l’altruiste, que la force réside en ceux, souvent moins favorisés, qui s’emploient par honneur à être justes.
Il est sublimement porté par des comédiennes et des comédiens inspirés au sommet d’un art qui nous emporte. En de multiples personnages, ponctuant tour à tour dans un orchestre essentiel cet opéra théâtral, ils révèlent avec humour et puissance l’ambiguïté et la fragilité des forces qui s’opposent. Confrontant un dictateur amoureux de sa guerre à un médecin dévoué aux indigents, possesseur du remède à cette contagion, seul moyen d’ébranler le politique qui devra arbitrer entre décimer son peuple au prix d’une gloire finie ou choisir la paix.
Dans une maîtrise de la fantaisie et du sens, cette mise en scène décrypte brillamment et avec une grande intelligence les enjeux de nos sociétés, et nous libère de ce que l’on fait de nous pour servir un monde absurde.
Le lieu est merveilleux, chaleureux, la troupe est éblouissante, cette compagnie redonne foi en l’humanité. Et bonheur, il reste plusieurs représentations les vendredis, samedis et dimanches prochains jusqu’au 18 décembre.

Olivier MoreauChargé de Mission Spectacle Vivant, à la Région Ile-de-France – 5 décembre 2022

Pousser la porte de la Belle Étoile, à La Plaine Saint-Denis, c’est entrer dans un espace de partage des utopies et des luttes. (…) Le spectacle actuel de la compagnie Jolie Môme, La Maladie Blanche, est une invitation à réfléchir sur le monde dans lequel nous vivons et celui que nous voulons. (…) Cette fable philosophique porte un regard visionnaire sur une période historique du capitalisme et sa transformation entre les deux guerres mondiales. Mesures liberticides, montée des nationalismes, pouvoir politique en décomposition… Elle fait écho à la crise économique et sociale d’aujourd’hui dont se saisit la Compagnie Jolie Môme avec effroi mais aussi jubilation, pour transformer la peur et la passivité en puissance d’agir. Avec cette troupe inventive et partageuse — on ne connaîtra ni le nom des comédiens ni celui du ou de la metteur(e) en scène —, tout est pensé et construit en collectif, mise en scène, décors, costumes. Les interprètes n’ont pas de personnage attitré, changeant de genre, d’accessoires et de voix, à vue, dans un rythme enfiévré. Ils explorent aussi bien le théâtre brechtien que la commedia dell’arte, grossissant le trait et les gestes, accentuant ou dynamitant les codes sociaux. On est impressionné par leur énergie et leur talent car ils sont aussi chanteurs et très bons musiciens, passant à tour de rôle et d’envie de la contrebasse au clavier ou à la batterie.

Marina Da Silva – Contrebande (Blog du Monde Diplomatique) – 25 novembre 2022

Si cette pièce fait figure d’héritage précieux aujourd’hui, les thèmes et les questions politiques qu’elle soulève demeurent terriblement actuelles. Aussi, présenter au public contemporain de la covid 19, une fable aussi sombre, est un pari risqué. Et pourtant, ce spectacle aux allures de cabaret avec son esthétique très brechtienne, semble parvenir à embarquer le spectateur qui rit aux éclats face à l’aspect burlesque de certaines situations. Ces moments comiques portés par des comédiens stupéfiants, nous autorisent à prendre de la hauteur et à nourrir une réflexion, sans être accablé par cette histoire criante de vérité.

Marie-Amélie Lorho – LeTheatre.online – 1er décembre 2021

La Compagnie Jolie Môme, que dirige Michel Roger, a fait le choix d’une mise en scène plus courte (1h45 contre 2h40 pour la version originale), mais extrêmement rythmée. Pendant tout le spectacle, les personnages, tous exubérants, s’écharpent sur un fond musical joué en direct par les comédiens eux-mêmes.

Thibault Maillet – Radio Prague International – 29 novembre 2021

Ce texte est une pure critique de la bourgeoisie et des nationalistes, la troupe de Jolie Môme nous en livre un spectacle très rythmé et des performances de comédienEs remarquables. (…)
Un spectacle très riche, dans son contenu, dont la mise en scène est époustouflante et ne laisse aux spectateurEs que peu de répit, les artistes passent de la contrebasse au jeu, au chant quand d’autres intercalent clavier, répliques et batterie, tout en assurant des changements de costume d’une rapidité hallucinante et permutant ainsi d’un personnage à l’autre dans justesse de jeu et une énergie palpitante.
Une note de fraîcheur et d’espoir en l’humanité dans ces temps si obscurs, un spectacle de haute qualité.

Diego Moustaki – L’Anticapitaliste – 2 décembre 2021

La Maladie blanche met en lumière avec un humour grinçant les forces antagonistes d’une société où le profit est roi. Le capitalisme en crise génère nationalisme belliqueux et mesures liberticides: instruments d’un pouvoir déliquescent. De quoi alimenter l’esprit combatif de Jolie Môme.

Dans le style du théâtre d’intervention, le collectif reprend les bonnes vieilles méthodes brechtiennes, avec un zeste de commedia dell’arte : visages blancs, costumes emblématiques de fonctions sociales, les jeunes acteurs se plient à un jeu frisant la caricature et forcent le trait mais sans excès. Cette farce noire se prête à un traitement didactique et burlesque car elle présente des archétypes sociaux (…)

Jolie Môme met son énergie au service de ce texte étonnant qui, aujourd’hui, résonne étrangement. Une mise en scène cohérente et bien huilée, un rythme soutenu par une musique jouée sur scène, un style de jeu affirmé emportent l’adhésion du public, venu nombreux à la Belle Étoile.

Mireille Davidovici – Théâtre du Blog – 30 novembre 2021

23 octobre 2021 – Photo Philippe Caro

Les commentaires sont fermés.