08/02/2018 – Communiqué des exilé.e.s occupant.e.s de Paris 8 – Fermeture de l’université

Ce communiqué fait suite à l’annonce de la fermeture de l’Université Paris 8 du jeudi 8 Février 15h au dimanche 11 Février (inclus) et à la venue d’une commission hygiène et sécurité incluant un policier en civil dans le bâtiment A occupé.

Ce matin, un mail envoyé par la Présidence annonçait que pour cause de panne de chauffage dans toute l’Université, l’université fermerait à 15h aujourd’hui jusqu’à lundi matin. Soucieux.ses de notre sécurité, nous lui avons alors envoyé un mail dans le but de savoir ce qu’il en était des risques d’évacuation pour les occupant.e.s en demandant un rendez-vous immédiat. Au même moment, nous nous sommes rendu.e.s dans les locaux de la Présidence où nous avons rencontré M. Arnaud Laimé, Vice-Président du Conseil d’Administration, qui nous a donné sa parole au nom de la Présidence qu’il n’y aurait pas d’évacuation policière.

Nous avons organisé un banquet dans le hall devant la bibliothèque pour informer la communauté des étudiant.e.s, enseignant.e.s et du personnel de Paris 8 du rassemblement prévu plus tard dans la journée en soutien à l’occupation. Ce banquet a été l’occasion d’échanger et de rencontrer des personnes qui nous ont témoigné leur soutien.

A 14h, nous avons reçu un courriel de la Présidence qui confirme par écrit qu’il n’y aurait pas d’évacuation.

Vers 15h30, une dizaine de personnes se présentant comme une commission d’hygiène et de sécurité, menée par une représentante de l’université, est venue « de façon inopinée mais prévue depuis trois ans ».

Après qu’ils et elles aient refusé de se présenter nominativement, nous avons reconnu un policier parmi elles et eux. Bien évidemment, sa présence mettant en danger les personnes en situation irrégulière, nous n’avons pu la tolérer. Nous tenons à rappeler qu’en cas d’intervention de la préfecture, ces personnes risquent des peines très lourdes allant du CRA à la déportation. Nous avons donc demandé aux membres de cette visite soit de faire partir ce policier soit de revenir plus tard sans lui. Nous avons finalement accepté le déroulement de la visite sous condition qu’elle puisse être filmée. Au moment où nous avons commencé à filmer, la personne que nous avions identifiée comme étant policier a réagi par une extrême violence. Ce dernier a tenté d’arracher le téléphone d’une étudiante de Paris 8 en train de filmer. Nous lui avons donc demandé de partir, ce à quoi il a répondu par la force physique : saisies corporelles, arrachage de téléphone et tentatives de coup de poing envers des étudiant.e.s de l’Université.

Nous ne refusons pas la venue de responsables d’Hygiène et de Sécurité interne à Paris 8. Nous avons d’ailleurs depuis le premier jour accepté que des membres SIAPP viennent plusieurs fois par jour vérifier la sécurité des locaux. Mais le caractère inopiné de cette venue et la présence dans cette commission externe à Paris 8 d’un membre de la police nous inquiète très vivement.

Des membres du Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) interne à l’Université cette fois-ci composé d’élu.e.s et de représentant.e.s distinct du service administratif, qui se tenait peu de temps après, n’étaient pas au courant de la visite de la commission.

Certes, les questions qui concernent l’électricité et la sécurité ne sont pas à prendre à la légère. Mais une évacuation sous prétexte de problème de sécurité aurait ceci de paradoxal que les occupant.e.s sont bien plus menacé.e.s dans la rue ou en Centre de Rétention que par des prises électriques liées aux conditions vétustes de Paris 8. Nous rappelons la nuit dernière, il faisait -6°C dehors et que les exilé.e.s ont demandé à chaque rencontre avec la Présidence de leur assurer la sécurité qu’ils et elles n’ont pas dans la rue du fait des agressions policières permanentes. Les questions de sécurité occupent toutes nos tentatives de dialogues avec la Présidence alors que nous aimerions qu’elles s’accompagnent de discussions sur les papiers, le logement, les études et l’accès à l’emploi des migrant.e.s.

La Présidence, si, comme elle l’avance dans ses propos et communiqués, se soucie vivement de la situation des occupant.e.s, devrait logiquement avoir ceci en ligne de mire. Par souci de cohérence, elle devrait faire corps avec les occupant.e.s. Laisser faire une intervention policière et ne pas l’empêcher reviendrait à ce qu’elle se positionne du côté de la préfecture et de la police. Elle se ferait alors maillon des rouages de la politique raciste et répressive de l’État.

Nous regrettons la position trouble de la Présidence qui, d’un côté, nous assure de sa préoccupation pour la situation des migrant.e.s, au point de proposer des accompagnements juridiques individualisés, mais d’un autre, autorise sans nous prévenir la visite d’une commission d’hygiène et de sécurité incluant notamment un policier en civil en même temps que des membres de l’administration de l’Université. Souffler le chaud et le froid est un facteur de stress supplémentaire pour les occupant.e.s. Nous espérons que cette situation ne se reproduira pas.

En ce qui concerne les négociations propres au fonctionnement de l’université, nous tenons à rappeler que lundi après-midi, lors de la dernière rencontre avec la présidence, les exilé.e.s ont évoqué leur ouverture à l’idée d’utiliser la cuisine et les sanitaires de l’amphi X afin de répondre aux problèmes de sécurité qui nous sont opposés depuis le début comme le principal motif porté à l’encontre de notre présence à l’université. Nous n’avons à ce jour pas obtenu de réponse à cette proposition.

Nous rappelons également qu’un groupe de travail s’est mis en place avec l’UFR d’Art, Philosophie, Esthétique qui utilise habituellement les salles du bâtiment A. Il a permis de trouver, malgré la fermeture de l’université, une solution pour chaque cours qui pourra donc se tenir à partir de lundi. Les salles d’atelier sont toujours à disposition pour les étudiant-e-s qui souhaitent venir pratiquer pour la préparation de leurs épreuves de concours. Nous restons toujours disponibles pour les enseignant.e.s, les étudiant.e.s et les personnel-le-s en cas de souci.

Nous demandons que la présidence prenne position publiquement contre toute intervention et présence policière à l’encontre des occupant.e.s et de leurs soutiens.

Nous demandons également que tous nos communiqués soient dorénavant transmis sur la liste de diffusion AllP8. Ceci pour éviter la désinformation et les rumeurs d’où qu’elles viennent.

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