30/07/2017 – Aurillac 2017 – Lettre ouverte de la Fédération Nationale des Arts de la Rue

Source l’Humanité, 30 juillet 2017

À Monsieur le Premier Ministre, Monsieur Édouard Philippe,
À Monsieur le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur, Monsieur Gérard Collomb,
À Madame la Ministre de la Culture, Madame Françoise Nyssen,
À Monsieur le Préfet de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Monsieur Henri-Michel Comet,
À Madame le Préfet du Cantal, Madame Isabelle Sima,
À Monsieur le Maire d’Aurillac, Monsieur Pierre Mathonier,
À Monsieur le Directeur Régional des Arts et de la Culture, Monsieur Michel Prosic,
À Monsieur le Président du Festival d’Aurillac, Monsieur Philippe Meyer,
À Monsieur le Directeur du Festival d’Aurillac, Monsieur Jean-Marie Songy,
Citoyennes, citoyens,

QUEL MONDE VOULONS-NOUS ?

Photo Pascal Verdier

Le check point de la Place des Carmes – Photo Pascal Verdier

Les 500 ans de commémoration de la Ville du Havre, le Festival d’Avignon sont le reflet des possibles du maintien d’évènements culturels et artistiques de grande ampleur dans le respect de la rencontre entre les œuvres et les spectateurs, la joie et le bon sens, le tout dans des conditions de gestion de la sûreté acceptables et non contraignantes.

C’est pourquoi le modèle sécuritaire d’enfermement proposé pour l’édition 2017 du Festival d’Aurillac est incompréhensible. Les violences lors de l’édition 2016 face à ce dispositif nous ont enseigné qu’il n’est pas la réponse adaptée à la vie partagée dans l’espace public. Le Festival d’Aurillac au rayonnement national et international qui n’est plus à démontrer, est également un évènement fondateur du mouvement artistique dit des arts de la rue, vitrine d’une pratique artistique spécifiquement française qui a su s’exporter à travers le monde.

Enfermer le festival d’Aurillac c’est donc enfermer ses habitant.e.s, les spectateurs, spectatrices, c’est enfermer les artistes œuvrant dans l’espace public, mais c’est aussi réduire les droits des citoyen.n.e.s, empêcher les rencontres de tous les enfants de la République. Que voulez-vous montrer ici ? Quel monde proposons-nous ?

Nous sommes citoyen.ne.s, face à un tournant historique. Laisserons-nous réduire nos biens communs à un usage unique et entraver durablement notre liberté d’expression et de circulation pour vivre dans des villes devenues privées ? On ne peut pas négocier avec les droits de l’Homme, fondateurs de notre République française.

Nous vous interpellons aujourd’hui pour vous demander de réviser le dispositif envisagé pour le Festival d’Aurillac 2017 qui au-delà des symboles et de l’entrave à la libre-circulation pourrait engendrer une fois de plus des débordements.
Nous ne pouvons accepter la privatisation et la normalisation des espaces publics et de circulation.

Nous ne capitulerons pas, et continuerons de défendre l’ensemble de nos libertés, continuerons de créer, de rêver, de nous rassembler, pour notre humanité.

Nous nous adressons à vous toutes et tous en vos charges et responsabilités pour que la création en espace public continue d’exister dans le respect et pour la défense des valeurs que porte notre Pays.

Lucile Rimbert,
Présidente, Fédération Nationale des Arts de la Rue.

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