Migrants – « Roms » ou pas, nous voulons avoir le droit de vivre ensemble

7 septembre 2015 – Nous avons signé cet appel :

AFP PHOTO/PHILIPPE DESMAZES

AFP PHOTO/PHILIPPE DESMAZES

Alors que le Préfet de Seine-Saint-Denis proclame que les populations « roms [1] » présentes sur le territoire du département se sont considérablement réduites en nombre, les autorités, Etat et nombre de communes, continuent à en faire la chasse, comme partout en Île-de-France.

Que recouvre cette volonté d’écarter ainsi de nos territoires, une des composantes qui y ont trouvé refuge, travailleurs pauvres aspirant à la dignité et au respect ?

Or, pour la plupart d’origine roumaine, citoyens européens, leur venue est le signe, comme tous les réfugiés du monde, que ces personnes rejettent un avenir sans droits et gravement discriminés, voire persécutés, dans leur «  pays d’origine » où ils sont considérés comme des sous-citoyens. Ceci après avoir été exterminés par les nazis…

Parmi les centaines de milliers d’immigrés qui pourraient se considérer comme d’origine « rom », 20 000 vivent dans des bidonvilles. 20 000 dans toute la France… quelques milliers en Seine-Saint-Denis… Qui peut prétendre qu’il s’agit là d’une question sans solution ? Elle est d’ailleurs, assortie de financements, prévus au niveau de l’Europe, ou pour contribuer à l’éradication des bidonvilles pour un parcours vers le logement…

Nous avons connu de longues périodes où leur errance et l’urgence de s’installer, même de façon précaire, conduisaient à des implantations éphémères et imprévisibles suivies d’expulsions.

Mais aujourd’hui, la situation est différente : des projets ont été construits (Saint-Ouen, La Courneuve, Saint-Denis, Bobigny il y a peu,…) alliant, sur des terrains, une urbanisation raisonnée quoique sommaire, une socialisation avec des accompagnements d’organismes officiels et d’associations, des solidarités familiales et collectives et avec des soutiens, à titre militant, humanitaire… Ce qui a été déjà bâti doit être préservé…. Les nouveaux projets mis en œuvre…

De plus les ressortissants roumains travaillent : depuis le 1er janvier 2014, ils en ont le droit officiellement. Des activités s’initient et se développent mais toujours marquées par la discrimination d’employeurs, d’institutions, de voisinages… Les « roms » sont des travailleurs comme les autres et, à ce titre, doivent être considérés.

Nombre de leurs enfants et jeunes est scolarisé, malgré des conditions de vie très difficiles, souvent inacceptables. Mais l’aspiration à l’éducation, au projet de vie avec une qualification et un métier y est forte.

Malgré ces nouvelles données, une composante de notre population, les personnes considérées comme « roms », est toujours rejetée, victime d’un racisme ordinaire et d’expulsions ou de traitements discriminatoires par les autorités –dont l’Etat- qui ont été condamnées à plusieurs reprises pour cela par les instances internationales. Or l’hystérie anti-« rom » a un usage politique : c’est le seul racisme consensuel. Toute déclaration ou tout acte officiel qui attise ce racisme est proprement irresponsable.

Nous voulons porter l’idée, et nous en avons l’expérience, de la profonde humanité qui doit prévaloir… Nous n’avons pas affaire à « un problème », mais à des hommes, des femmes, des enfants comme tous les êtres humains du monde.

Agir pour leurs droits, ici comme dans les pays d’origine, c’est agir pour tous…

Dans notre diversité d’approche sur les questions politiques, économiques, culturelles, nous avons en commun de refuser que les travailleurs pauvres assignés comme « roms » soient les boucs émissaires de nos difficultés.

Nous appelons à partager cette conviction, à faire obstacle aux expulsions, destruction de projets et traitements discriminatoires des « roms », de la même façon que comme, Français ou étrangers, nous le refusons pour tous les sans-papiers et les immigrés.

Nous disons : stop aux expulsions, agissons toujours AVEC les familles «  roms », rassemblons familles, associations, élus, faisons respecter l’égalité de droits –dont de couverture par la sécurité sociale- et de domiciliation, d’accès à tous les services publics, notamment l’eau, l’électricité, les enlèvements d’ordures ménagères, veillons à la scolarisation de TOUS les enfants par les communes et l’Etat, respectons les travailleurs « roms » dans la diversité de leurs activités.

Pour signature et contact : appeldroitdevivreensemble@gmail.com

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